I.
Je me tenais là
et la lumière coulait des arbres
verte lourde piquante comme autant
de grains ivres de folie
entrait dans ma tête me livrait tout entier
pieds poings liés à cette bête odorante d'été
ce plantigrade amoureux aux crocs délicieux
Ce monstre qui ne s'éveille que d'un oeil vert tendre
tandis que pépient des oiseaux jaunes bleus violets
dont le chant résonne
seulement
dans mes rêves oubliés
je m'endormis alors
assoupi sur sa panse immense
Quand résonnèrent les cors
je sentis la terre remuer
tandis que d'un seul mouvement
la bête s'élançait à l'amble
je me cramponnais à ses poils d'or vert
qui déjà brunissaient.
II.
Je vis ses oiseaux s'enfuir à tir de chant
tomber foudroyés par des traits de pluie
je vis leurs yeux noircir se fendre
et la bête qui pleurait.
Je me tournais et les chasseurs étaient là
funestes aguerris sévères
tristes pâtres
des champs de septembre
leurs regards obscurs leurs lippes sans concession
Leur maître s'avançait une lance d'ombres grisâtres
sinistre Orion
et l'été s'enfuyait
III.
Grisé par le vent vif
je n'entendis pas la complainte d'été qui roula foudroyé
tandis que les chasseurs d'un cri rauque
accouraient au sanglant hallali
Il le dépecèrent
vivant encore
sous mes yeux aveuglés le chasseur prit son coeur
soleil battant
d'une bouchée cruelle
claquante et sèche comme un pupitre qui se ferme
en fit son festin de malheur
et ainsi mena été à son terme.
IV.
Il me regarda enfin et ses yeux étaient froids
mazout châtaignes et crépuscules
sourit me lança de dédain un morceau d'été
que je chéris depuis lors
même tout séché.
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