jeudi 3 mars 2011

La ville et la peau III

Parfois, lorsque le crépuscule vient, tandis que les voitures ouvrent leurs yeux de lucioles, celui qui s'achemine vers une maison, la sienne, celle d'autres, un foyer, un théâtre, une gargotte, sentira souffler sur son épiderme, un brise étrange, comme le souffle d'un bête fabuleuse, à la base de son cou. Cette créature invisible, fille du vent éméché et du désir triomphant, n'a pas plus de nom que de visage. Elle circule parmi les hommes, étirant ses anneaux vibrants de lointain et de mers inconnues. L'homme victime de la bête sentira le besoin irrépressible de rêver de départs, de ports, de visages nouveaux. Une vieille légende a court dans la ville alanguie: celui qui dompte cette bête sera un jour heureux.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire