lundi 21 mars 2011

La ville et le vide IV

Il est possible, au grès des dédales et des impasses, que celui qui s'interne dans la ville alanguie perçoive, du coin de l'oeil, des visages. Ce phénomène se produit bien souvent à l'heure où le soleil agonisant lance une dernière fois ses serres d'or à l'assaut du ciel, s'y raccrochant comme un noyé sans autre certitude que sa disparition prochaine dans les flots de la nuit. C'est l'heure où s'allument les lampes. Celui qui traverse les gués encombrés de flots citadins, y croise parfois des mirages, fruits de la foule, le plus terrible des déserts. Il y verra peut-être une démarche qu'il connaît, à moins que cela soit un sourire, un chapeau, une intonation. Se retourner et suivre ces dopplegängers, c'est céder son âme à la folie. Ces visages, ces mirages, chacun les porte, dans la ville qui se cache, palpitante, au fond de son âme et porte pour chacun, un nom distinct: certains la nomment passé, d'autres éden, certains même, prétendent qu'elle n'existe pas.

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