La ville est parcourue de sentes d'argent, qui illuminent sa surface d'un tissage brillant. ceux qui les empruntent parlent avec des accents anglais, allemands, français, feints. Ils marchent, détendus, sur ces larges avenues, bien entretenues, de pavés dorés, qui toutes enjambent des gouffres sans fond, qui sont pourtant l'essence même de la ville. Ces clairs sentiers sont parsemés de cafés, de terrasses agréables et de magasins qui ressemblent à des bars, de bars qui ressemblent à des coiffeurs, à des coiffeurs qui ressemblent à des magasins.
Parfois, des éruptions de magma entachent les claires sentes et parfois, quelques représentants de ces Elois insouciants se retrouvent emportés dans les gouffres amers et impitoyables des profondeurs miséreuses de la cité. S'ils survivent, c'est par un hasard impudent, car la colère et l'envie sont des moteurs puissants.
Ces passerelles sont fragiles et bien des fois, la réalité rappelle à l'insouciant que son essence est l'illusion d'une société.
Certaines sont couronnées par des tours d'ivoire, d'autres par des songes de papier, d'autres par des folies constituées en forteresses. Toutes sont construites des sables d'un temps révolu mais elles tentent d'ignorer l'inéluctable érosion, par des fêtes et des bals masqués.
La houle, elle, patiente, continue son travail inlassable.
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