lundi 7 février 2011

La ville et les masques I

Lorsqu'il faut se déplacer à travers la houle de métal, il est de bon ton de se laisser mener par les hommes étranges et nerveux qui y sont immergés en permanence. Leur profession n'est pas toujours un choix. Si l'on se risque à la confession avec eux, on se confrontera à des paléontologues, des juristes, des mécaniciens, des ingénieurs, des professeurs d'anglais. Chacun d'eux est aussi friand de raconter que d'entendre. Le temps de quelques virages serrés, de quelques squales vrombissants évités, il est possible que le tutoiement vienne imperceptiblement, comme avec tous ceux avec qui on croise la camarade. Immergés dans la houle, ils s'y sentent chez eux, au rythme de la radio qui pulse et offre son battement au vent marin. Curieux, culottés, impatients, bavards, ainsi sont les fils du béton, fiers comme des poux de leurs carrosses rouillés, rongés par l'air salin, les hypothèques, les clients négligents. Tous peuvent raconter une histoire.
Il est même possible qu'elle soie vraie.

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