Il est un son des plus particuliers, que le voyageur apprendra à reconnaître: celui des fripiers. Armés d'ocarinas essoufflées, ils sillonnent la ville, poussant des chariots-bicyclettes, nées de divers larcins, jusqu'à acquérir la forme qui sera la leur, avant d'être démantelées, vendues, échangées.
Dans les rues résolument désertes des quartiers écrasés par la chaleur, ils errent, dans un concert de grincements et leur souffle se fait chant par la vertu du petit instrument à vent. Alors que leur être tout entier n'est que chiffons, souillure, bouteilles vides, qui tressautent, condamnées en route vers l'échafaud, résonne l'ocarina, étrangement mélancolique, mélodie si triste et si résignée qu'elle transcende crasse, désordre, tumulte et gains véniels au détriment des vieillards, qui attendent, penchés aux fenêtres, un cordon à la main, que passe le voleur de riens.
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