L'hiver est une vague qui harasse sans cesse les carrefours de la ville. Pâteuse, elle enfle, déborde les toits, se colle au ciel, tenace, comme la nicotine sur les dents d'un vieux fumeur. Pourtant, la métropole ne lui cède le terrain qu'aux prix de luttes titanesques: chaque ruelle est un Iéna, chaque trottoir un Waterloo où des lots de fleurs citadines râlent dans le tonnerre des klaxons insanes. Le crépuscule hivernal caracole tandis que face à ses lances d'embruns translucides, une cité s'arc-boute de ses couleurs les plus criardes, les plus ferventes, les plus fiévreuses,les plus désespérées.
Las, le ciel avare emporte son éclat, laissant la cité baigner dans le sépia d'une vieille morgue. Jusqu'au premier taxi, qui explose de musique, de cuivres, d'humanité, enfin, sous le sourcil froncé d'un Pacifique vert de gris. Oui, dans la ville alanguie, lorsque les couleurs s'enfuient, défaites par le glauque crépuscule, elles se réfugient dans la musique; dans chaque radio, dans chaque échoppe, dans chaque cantine, attendant au chaud des ondes, les lendemains qui chantent.
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