jeudi 15 septembre 2011

la ville et les masques VII

Un: le crissement d'un pneu, contrepoint à la mélodie du bitume. Deux: un choc mou. Trois: une portière claque, féroce mâchoire de colère. Les acteurs sont connus. Chacun sait sa part. Le choeur des ingénus discourt: pléthore d'yeux levés au ciel, myriade d'aride ressentiment général. L'intrigue est en place et sur le sol, la tâche qui s'étale a les contours vermeils d'une réclame pour les soldes. D'autres accompagnent la scène et du lointain balcon une vieille dame digne joue son rôle silencieux. L'Autorité arrive, bedonnante, à temps pour rehausser le banal de la tragédie. Au parterre, l'effet Doppler s'enfle, fait écho, fait les choux gras, fait diversion du protagoniste principal, qui en silence, s'acquitte besogneusement de sa fonction de gisant. Le corbillard, blanc et rouge clôt du rideau de sa sirène la piécette en un acte. Déjà, les personnages, en quête d'auteur s'éloignent, emportés par la ville. Que ceux qui ont loupé ce mystère ne craignent rien: nul ne se lasse jamais de le représenter.

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