Celui qui s'éloigne par la terre de la cité devra se débattre longtemps avant de savoir s'il a quitté ses longues rues poussiéreuses et sa nation de vendeurs effrénés. Plus il s'enfoncera dans le désert d'ocre et de gris qui sert à la ville d'écrin plus il aura l'impression de revenir sur ses pas. Les façades mangées par la mer, les regards perdus, les trottoirs habités, les lumières maladives des lampadaires dans la pénombre, tout semble se répéter et se confondre, formant un ennuyeux cauchemar.
Les panneaux mensongers et les indications autochtones et perverses conspirent afin d'empêcher la velléité d'une fuite. L'errant devra traverser chacun des voiles que la ville éparse érigera en mirages pour l'empêcher de la quitter, affronter la conspiration de miroirs absurdes et la litanie de bitume qui, de détours d'autoroute en havres minables, tentera de le retenir.
Celui qui parviendra jusqu'aux portes lointaines sans se retourner, abandonnant les hurlements de la foule, les gémissements des taxis, la chicane des bradeurs de pacotille verra le vrai désert, stérile et pensif, fuyant devant lui jusqu'à l'horizon enténébré.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire