Celui qui cherche à posséder la ville la verra se dérober à lui s'éloigner sans cesse. Il épinglera des rues, des lieux et des visages, bientôt des rires, des baisers et des larmes. Il établira des frontières, des détours, cherchant à ne pas oublier un lieu ou un autre, à se libérer du fardeau de l'ignorance.
Dans sa lutte effrénée, il ne sentira pas la pâte de ville, sa poussière impalpable lentement le gagner, s'infiltrer par chacun de ses pores, parant sa peau du vert pacifique, son haleine de mangue et ses fredonnements de cuivres et de trompettes. Il ne sentira pas, lentement ses voisins de pallier pénétrer dans sa vie, ni les sourires des commerçants, la familiarité du conducteur du bus se frayer un chemin dans sa mémoire, goutte à goutte, synapse après synapse envahir avec l'inexorable de l'oxydation, son esprit, le changer et brouiller à jamais les frontières établies avec la ville alanguie.
De conquérant, il deviendra un habitant de plus, un être entaché d'humanités qui le prolongent autant qu'elles l'asservissent, lui ôtant à jamais l'impression d'avoir vaincu une cité, elle qui le malaxe et le colore à chacun de ses souffles.
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