Lorsque s'amoncellent les nuages sur la ville alanguie, la lumière, elle s'accumule sur les points faibles du gris monochrome, comme autant de goutte de feu, de lave languide. Elle sourd, humide, coule lentement dense, s'infiltre par les défauts de la trame et entache de couleurs les angles bénis de hasard, enflammés de rouges et d'ors sans concession. L'obscurité qui environne ces fragments lumineux se fait avide et des traits d'ombre s'efforcent inlassablement d'emporter ces fruits onctueux, de les diviser, de les perdre.
Parfois, cette lumière vient à croiser un visage, une chevelure, transfigurant le charbon en diamant, l'argile en carmin, le jais en pourpre. Le contraste de ce crépuscule enflammé suscite une terreur sacrée, celle de contempler la fin d'un monde, la chute d'une Rome.
L'obscurité finit toujours par gagner car éternellement elle devancera la lumière. Elle s'élève en flots tumultueux et muets, engloutissant les derniers phares d'une Atlantide à l'abandon. S'élèvent alors de la ville des cierges de néon, des couronnes de luminaires, des lampions de phares, qui peignent le gris métal céleste de la phosphorescence funèbre des lucioles.
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