lundi 11 avril 2011

La ville et la peur II

Les marées humaines qui tordent et détendent la texture de la cité emportent bien souvent d'étranges visages aux âmes sombres, ourlées de ternes rêves, de monotones insanités.
Le courant les roule, les anime et ils flottent, pantins hagards aux yeux creux,cherchant leurs rêves à tâtons, de leurs tristes griffes. Leurs regards ne sont rien d'autre que des meurtrières sur l'enfer, dont la porte s'entrebâille parfois. Limon sordide qui s'agglutine dans les ombres épaisses qui les brise, tôt ou tard de sa houle sardonique.
Il ne subsiste alors d'eux que de tragiques vestiges d'Icares échoués. Celui qui contemple ces anges déchus connaîtra le pitié, la compassion, le dégoût.
Il n'est pas impossible qu'il éprouve aussi de l'envie, pour les soleils dont leurs bras brûlés, dont leurs globes fatigués portent les invraisemblables cicatrices.

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