Sur la grisaille densifiée que sont les veines de la ville, vrombissent d'absurdes machineries, baroques et criardes, transportant les visages congestionnées des foules laborieuses. Chacun de ces véhicules est unique, chacun d'eux porte des stigmates d'espérance et d'humour. L'un d'eux entonne " à ma mère, par toi, pour toi" un autre " tu es peut-être rapide mais t'es quand même deuxième" et l'inévitable " protège-moi Seigneur" avec toutes ses déclinaisons syncrétiques et régionales.
Ces fragments décrépits d'un carnaval quotidien choquent, détonnent, abusent de leurs droits de folie dans le grand cirque éternel des rues de la cité.
Clowns déments d'une parade hallucinée, ils provoquent le rire, la colère, l'exaspération mais portent en eux, entre les bougies qui coulent et le moteur essoufflé, une parcelle de l'âme citadine.
vendredi 15 avril 2011
lundi 11 avril 2011
La ville et la peur II
Les marées humaines qui tordent et détendent la texture de la cité emportent bien souvent d'étranges visages aux âmes sombres, ourlées de ternes rêves, de monotones insanités.
Le courant les roule, les anime et ils flottent, pantins hagards aux yeux creux,cherchant leurs rêves à tâtons, de leurs tristes griffes. Leurs regards ne sont rien d'autre que des meurtrières sur l'enfer, dont la porte s'entrebâille parfois. Limon sordide qui s'agglutine dans les ombres épaisses qui les brise, tôt ou tard de sa houle sardonique.
Il ne subsiste alors d'eux que de tragiques vestiges d'Icares échoués. Celui qui contemple ces anges déchus connaîtra le pitié, la compassion, le dégoût.
Il n'est pas impossible qu'il éprouve aussi de l'envie, pour les soleils dont leurs bras brûlés, dont leurs globes fatigués portent les invraisemblables cicatrices.
Le courant les roule, les anime et ils flottent, pantins hagards aux yeux creux,cherchant leurs rêves à tâtons, de leurs tristes griffes. Leurs regards ne sont rien d'autre que des meurtrières sur l'enfer, dont la porte s'entrebâille parfois. Limon sordide qui s'agglutine dans les ombres épaisses qui les brise, tôt ou tard de sa houle sardonique.
Il ne subsiste alors d'eux que de tragiques vestiges d'Icares échoués. Celui qui contemple ces anges déchus connaîtra le pitié, la compassion, le dégoût.
Il n'est pas impossible qu'il éprouve aussi de l'envie, pour les soleils dont leurs bras brûlés, dont leurs globes fatigués portent les invraisemblables cicatrices.
jeudi 7 avril 2011
La ville et le vide V
Il est dit de la ville alanguie, qu'elle n'est rien d'autre qu'un fruit tombé du jardin de l'éden, éclaté sur le sol aride, pastèque divine, répandant pulpes et graines, formant un dessin dont le dessein ne sera connu qu'à la fin des temps.
Le fruit ravagé, au bord du désert,aurait formé en se desséchant les fondations de la cité. Celle-ci, née de la fermentation, aurait l'âme d'une distillerie et la morale d'une catin ivre.
Celui qui s'éloigne du point d'impact et de la horde fourmillante qui y grouille, aura la satisfaction de voir s'éloigner la fureur, le bruit, l'humanité.
L'océan est là, infini, salé comme les larmes de Dieu, brûlant dans ses méandres les erreurs de l'homme et les errements de toute civilisation.
Il n'est nul besoin de sirènes. Les vagues et la promesse de l'oubli que recèlent leurs voix bruissantes suffisent à attirer celui qui est las de l'odeur entêtante de la terre.
Le fruit ravagé, au bord du désert,aurait formé en se desséchant les fondations de la cité. Celle-ci, née de la fermentation, aurait l'âme d'une distillerie et la morale d'une catin ivre.
Celui qui s'éloigne du point d'impact et de la horde fourmillante qui y grouille, aura la satisfaction de voir s'éloigner la fureur, le bruit, l'humanité.
L'océan est là, infini, salé comme les larmes de Dieu, brûlant dans ses méandres les erreurs de l'homme et les errements de toute civilisation.
Il n'est nul besoin de sirènes. Les vagues et la promesse de l'oubli que recèlent leurs voix bruissantes suffisent à attirer celui qui est las de l'odeur entêtante de la terre.
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