Il avance, erratique, s'arrête, pensif un instant, puis reprend sa sente.
Ses crissements caressent le trottoir de six pinceaux parés de soies, si semblables aux plumes d'un triste goéland confit dans le pétrole.
Sa cuirasse de chitine luit, graisseuse, sous le regard précis d'un réverbère. Ses antennes sondent, longues, trop longues, infinies.
Sa danse syncopée, son rythme saccadé, sont ignobles, hésitants, fulgurants, imprévisibles.
Le répugnant gyrovague est agile. Il sait grimper, marcher au plafond, disparaître dans l'ombre.
Va-t-il prendre la fuite, s'agripper à la jambe de pantalon, se redresser sur ses pattes arrières, trépigner le long de la main?
Le corps dévoré de frissons, on fait tomber la sentence, de la semelle de la chaussure.
Sous le pied, il remue encore, on le sent s'accrocher à sa vie si vaine. On l'écrase, il s'entête à ne pas mourir, il ne meurt pas. Sa charogne filandreuse remue, fébrile, nage à la surface du béton.
Un coup de talon de plus: tranché en deux, il se débat, puis se rend enfin.
Ils sont légion, dans la cité alanguie, fantassins de ruine grouillant dans les ruelles, sous les poubelles, friands du miel qui tombe des tables, toujours affamés. Certains, racontent les vieilles, ont la taille des rats. Au port, d'aucuns prétendent en avoir vu de plus gros.
Sous la cité alanguie, dans l'obscurité moite, humide, tiède, ils remuent, se promènent, se frôlent du bout des antennes.
Ils complotent.
Sous le béton de la ville, sous les ruisseaux immobiles des égouts, sous un monde d'ordures, loin du soleil pour toujours, dort leur mère, aux pattes comme des bras, à la cuirasse longue comme un cheval mort, aux yeux globuleux, à la faim inextinguible.
La reine des cafards.
(Lima)
jeudi 7 juin 2018
jeudi 15 février 2018
Ciel et Mer
Le ciel a des douceurs
impalpables
aux yeux mortels
La mer des rythmes
drus frêles
fureurs inconcevables
aux coeurs
prisonniers
Apprenez-moi
cieux océans
Apprenez-moi
votre sérénité minérale
votre dédain parfait du temps
ma poussière m'est fardeau
mes stances plaie mortelle
je suis las d'être masque futile
lion qui rugit
tour à tour
loup qui court
vent qui souffle
et fuit
Las d'écorchures rêves allures
amours trêves
brûlures
rassasié des sèves d'antans présents
futurs
Apprenez-moi à ignorer la chamade de mes cents coeurs
amoureux
Apprenez-moi à oublier mes cités lointaines d'encens et de verre
mes rires furieux et mes mes ailes
apprenez-moi à l'oublier elle et elle et elle et elle
hélas ciel et mer
Pardonnez mes prières
je vous sais impuissants
car la fibre est flamme
et vibre
ciel et mer
d'ardeurs que vos âmes inhumaines
ne pourront jamais
j'en fais le serment
par le vent qui m'emporte
me tisse et me tend
tarir de son sang fier
de licornes et chimères
ciel et mer
Camlann
Quelle fut ta pensée
ce soir
de corbeaux criards
nu
de couronne et d'épée,
acculé au dérisoire?
Ta main abolie
ta nuque
vaincue
ton corps soumis
par le fer et la folie?
Quel visage s'étiole
perçu
dans le choeur d'agonies
de boue semée
de signes détrempés
tordus?
Quelle amère amie?
La soeur indigne
l'épouse
perdue
ou
la mère oubliée?
debout sur un monceau d'arcs
brisés
Tu attends des eaux ta barque
ou les vers?
Débouté
Le flanc ouvert
écru
la défaite béante à chair
crûe
rose perverse éclose
le calice est impossible
illusion grandiose.
Risible.
La main gracile de l'onde
jaillit emporte
ton épée morte
Tu as failli au monde.
Roi mortel
à ton chevet de bruine
de ciel noir :
une seule et triste mine
sans espoir
ses yeux graves brillent
déçus
bourreaux de pluie
Roi déchu
ta table en morceaux
les tiens dispersés
manigance de magicien
Ta meilleure lame
danse danse danse
avec sa dame
(Tienne autrefois aujourd'hui rien)
ton fils fier à tes pieds
git sans lumière
percé de ta lance
ses paupières fermées
Tu as été haï.
Roi fendu
trop homme pour sa tâche
trop dieu pour l'oubli
reclus
Attends sans relâche
sur ton rocher enchanté d'éternel printemps
Rigide
le dernier crépuscule pour chevaucher le temps.
Sous ton égide et ta férule
Roi futur
Laisse-moi monter en croupe de ta défaite
fidèle écuyer de tes lies
d'ichor
maître de ton armure en miettes
ton tenace héraut d'hallalis
Car lorsque sonnera le sombre cor
A la toute fin
Moi
vêtu que d'éclats de rêves
je serai le porteur d'étendard
de qui
Vaincu
Perclus
soumis
par les tristes traits du triste hasard
la nuque roide se relève
Roi
A la toute fin
Un sourire aux lèvres face à l'ombre.
Encore.
ce soir
de corbeaux criards
nu
de couronne et d'épée,
acculé au dérisoire?
Ta main abolie
ta nuque
vaincue
ton corps soumis
par le fer et la folie?
Quel visage s'étiole
perçu
dans le choeur d'agonies
de boue semée
de signes détrempés
tordus?
Quelle amère amie?
La soeur indigne
l'épouse
perdue
ou
la mère oubliée?
debout sur un monceau d'arcs
brisés
Tu attends des eaux ta barque
ou les vers?
Débouté
Le flanc ouvert
écru
la défaite béante à chair
crûe
rose perverse éclose
le calice est impossible
illusion grandiose.
Risible.
La main gracile de l'onde
jaillit emporte
ton épée morte
Tu as failli au monde.
Roi mortel
à ton chevet de bruine
de ciel noir :
une seule et triste mine
sans espoir
ses yeux graves brillent
déçus
bourreaux de pluie
Roi déchu
ta table en morceaux
les tiens dispersés
manigance de magicien
Ta meilleure lame
danse danse danse
avec sa dame
(Tienne autrefois aujourd'hui rien)
ton fils fier à tes pieds
git sans lumière
percé de ta lance
ses paupières fermées
Tu as été haï.
Roi fendu
trop homme pour sa tâche
trop dieu pour l'oubli
reclus
Attends sans relâche
sur ton rocher enchanté d'éternel printemps
Rigide
le dernier crépuscule pour chevaucher le temps.
Sous ton égide et ta férule
Roi futur
Laisse-moi monter en croupe de ta défaite
fidèle écuyer de tes lies
d'ichor
maître de ton armure en miettes
ton tenace héraut d'hallalis
Car lorsque sonnera le sombre cor
A la toute fin
Moi
vêtu que d'éclats de rêves
je serai le porteur d'étendard
de qui
Vaincu
Perclus
soumis
par les tristes traits du triste hasard
la nuque roide se relève
Roi
A la toute fin
Un sourire aux lèvres face à l'ombre.
Encore.
mardi 8 décembre 2015
La ville et le labyrinthe IV
Il est une saison où la ville alanguie se vêt de pourpre. Fardée du ton des mûres écrasées, parfumée d’encens, de myhrre, elle geint, se tord les mains, en processions, tachycardie de ferveur insomniaque.
Toute l’année, des hommes, artisans, policiers, éboueurs, s’assemblent préparent débattent déblatèrent parfois, en compagnies hétérogènes dont l’axe est une figure tordue de douleur, bras ouverts, pagne sanglant, peau tannée de soleil.
Et subit, jaillit l’icône, reflet infini enjolivé d’un miraculeux pan de mur, unique survivant d’une chapelle victime des cruelles convulsions de la terre, ogresse nourricière.
Et la foi se répand dans les rues, les coeurs trois fois bénis brillent de toutes leurs diodes, les femmes austères pleureuses, les hommes endimanchés du lundi au dimanche.
Les klaxons du quotidien s’égosillent, s’arcboutent contre la tétraplégie soudaine de la vieille cité, qui s’érige figée par l’égide des humbles, se rit des sémaphores et des conventions. Devant elle les gants blancs des policiers capitulent, les képis choient de respect. La foule, toujours aveugle, toujours monumentale, toujours avide, toujours victorieuse, marche au rythme lancinant de la tradition viscérale, fleuve de génuflexions.
Et passe le dieu des pauvres, le dieu des esclaves, le dieu doré de sagex de ceux qui travaillent du matin au soir et qui, le temps d’un mois échymose, se défont de leurs habitudes pour honorer en crue irrésistible, le seigneur des miracles, aux mains calleuses, aux pieds marqués, qui est à eux comme ils sont à lui, empathie organique, insondable.
Toute l’année, des hommes, artisans, policiers, éboueurs, s’assemblent préparent débattent déblatèrent parfois, en compagnies hétérogènes dont l’axe est une figure tordue de douleur, bras ouverts, pagne sanglant, peau tannée de soleil.
Et subit, jaillit l’icône, reflet infini enjolivé d’un miraculeux pan de mur, unique survivant d’une chapelle victime des cruelles convulsions de la terre, ogresse nourricière.
Et la foi se répand dans les rues, les coeurs trois fois bénis brillent de toutes leurs diodes, les femmes austères pleureuses, les hommes endimanchés du lundi au dimanche.
Les klaxons du quotidien s’égosillent, s’arcboutent contre la tétraplégie soudaine de la vieille cité, qui s’érige figée par l’égide des humbles, se rit des sémaphores et des conventions. Devant elle les gants blancs des policiers capitulent, les képis choient de respect. La foule, toujours aveugle, toujours monumentale, toujours avide, toujours victorieuse, marche au rythme lancinant de la tradition viscérale, fleuve de génuflexions.
Et passe le dieu des pauvres, le dieu des esclaves, le dieu doré de sagex de ceux qui travaillent du matin au soir et qui, le temps d’un mois échymose, se défont de leurs habitudes pour honorer en crue irrésistible, le seigneur des miracles, aux mains calleuses, aux pieds marqués, qui est à eux comme ils sont à lui, empathie organique, insondable.
vendredi 20 novembre 2015
La ville et les symboles VIII
Ils poussent aux coins des rues comme des champignons de sucre glacé, nappés de néons et de pyrite. Gueules tendues au ciel, parsemées d’étoiles de pacotille, aux langues de tapis rouges mités, foulées en crûs à prix barrés par les talons impénitents.
Ceux qui y goûtent, vieilles dames dignes, tristes célibataires, mères enfiévrées, solitaires de tous crins à la poche percée dès l’enfance, pullulent en essaims dépareillés, affriandés par un battage au fard de rance espérance.
Les portes franchies, les heures s’abolissent, le crépuscule est éternel, découpé en lamelles par le bruit sec des bandits manchots qui déversent le fruit béni de leurs entrailles: mânes et réclames, encore, qui font frémir des naseaux affriandés par le fumet du hasard ou du miracle.
Si l’essaim des mordus s’apprête des trente mille masques de l’espoir le plus vil, son regard est Un. Indivisible. Eternel.
Celui du junkie au jackpot, dont l’hymne fébrile parcourt les veines de la ville alanguie: si ce n’est cette partie, ce sera la prochaine.
Ceux qui y goûtent, vieilles dames dignes, tristes célibataires, mères enfiévrées, solitaires de tous crins à la poche percée dès l’enfance, pullulent en essaims dépareillés, affriandés par un battage au fard de rance espérance.
Les portes franchies, les heures s’abolissent, le crépuscule est éternel, découpé en lamelles par le bruit sec des bandits manchots qui déversent le fruit béni de leurs entrailles: mânes et réclames, encore, qui font frémir des naseaux affriandés par le fumet du hasard ou du miracle.
Si l’essaim des mordus s’apprête des trente mille masques de l’espoir le plus vil, son regard est Un. Indivisible. Eternel.
Celui du junkie au jackpot, dont l’hymne fébrile parcourt les veines de la ville alanguie: si ce n’est cette partie, ce sera la prochaine.
mardi 18 mars 2014
Quête
SORS.
Charge ivre
pointe d'erre au coeur
trace le large
âcre fumet
crû libre
DéChIqUète
âtres
foyers
confort
SORS.
Le souffle c o u r t (tisse)
Forêts de verre d'arbres d'acier lisse
Au bitume qui sourd
de bayous de briques
de paraboles aveugles
d'écoufles d'hélices
de métal qui meugle
de lierre électrique
des criques de pierre
pièges lacés
thabors de plastique
SORS.
Triomphant
des visages des morts
des sourires des vivants
du délire et la fortune
SORS.
Des nuits sans lune
Sans serments
sarments sémaphores
parsemant soleils de minuit
cendrés de néon à tout vent
enfants
Pèlerins de néant
Pères d'abandon
aux surins d'échos
au sein des grottes urbaines
reines de yacht
visages aphones
lois de paillettes
silhouettes de fard sans fond
danse au coeur creux de talons
pas à pas ovins
vains appâts.
Là-BAS.
la voix roule rue
coule mue
s'envole
ailes de rage sage
caracole
calandre sans rivage
se débat d'attendre le glas
allume
rire sauvage
hume
à tous vents épars
blizzards simouns burles
sans frontières affronts
fausses promesses
masques bâtards
Hurle enfin.
PARS.
famine de mastiquer
épaisses lueurs d'aube
d'extirper trames
( baisers drames
silences d'alcôve
sueurs soupirs
larmes et coups)
du tissu tendu des jours
tissé sec à fil court
connaître tout
crever en essayant
Tenir son rang
entre dame et fou
N'être ébloui par rien
hors l'oubli délicieux
savourer à l'envi les cieux
mûrir errer s'enfuir
Et en tout lieu
l'âme au front
Toujours
les dents serrées sur un sourire furieux
bouffer l'horizon
Charge ivre
pointe d'erre au coeur
trace le large
âcre fumet
crû libre
DéChIqUète
âtres
foyers
confort
SORS.
Le souffle c o u r t (tisse)
Forêts de verre d'arbres d'acier lisse
Au bitume qui sourd
de bayous de briques
de paraboles aveugles
d'écoufles d'hélices
de métal qui meugle
de lierre électrique
des criques de pierre
pièges lacés
thabors de plastique
SORS.
Triomphant
des visages des morts
des sourires des vivants
du délire et la fortune
SORS.
Des nuits sans lune
Sans serments
sarments sémaphores
parsemant soleils de minuit
cendrés de néon à tout vent
enfants
Pèlerins de néant
Pères d'abandon
aux surins d'échos
au sein des grottes urbaines
reines de yacht
visages aphones
lois de paillettes
silhouettes de fard sans fond
danse au coeur creux de talons
pas à pas ovins
vains appâts.
Là-BAS.
la voix roule rue
coule mue
s'envole
ailes de rage sage
caracole
calandre sans rivage
se débat d'attendre le glas
allume
rire sauvage
hume
à tous vents épars
blizzards simouns burles
sans frontières affronts
fausses promesses
masques bâtards
Hurle enfin.
PARS.
famine de mastiquer
épaisses lueurs d'aube
d'extirper trames
( baisers drames
silences d'alcôve
sueurs soupirs
larmes et coups)
du tissu tendu des jours
tissé sec à fil court
connaître tout
crever en essayant
Tenir son rang
entre dame et fou
N'être ébloui par rien
hors l'oubli délicieux
savourer à l'envi les cieux
mûrir errer s'enfuir
Et en tout lieu
l'âme au front
Toujours
les dents serrées sur un sourire furieux
bouffer l'horizon
dimanche 9 septembre 2012
Un songe de scaphandrier
Entre deux eaux
Des poissons
voletant
autour de la tête
nuque raide
ressac
lointain
la lanterne veille
le front empoissé
au pieds le plomb
aux mains le cuivre
le laiton
Du casque poli
e
v
è
l
le tube s'é
dans l'océan
Traverse alors le banc d'illusions de visages
d'antans sans futur
sans présent
Brillants âppats.
Les algues (insidieuses convictions) s'enlacent
Pas plombé pesant comme la goutte
la déambule s'étoffe d'arrêts s'étouffe de ciseaux de rages
arrachent tout d'un
certitudes
idées reçues
Rêves étrangers
bonheurs copiés/
/ collés
Marcher encore.
Derrière les falaises d'ignorance sables épais de rancoeurs bois de fureur feux follets d'espérance
une
Ville attend.
Ses rues douces comme le lait
ses femmes parées de goémon
ses toits en nacre ses fiacres de perle
De son ciel tourbillonnant
déferlent
monceaux d'étoiles
naufragés mélancoliques
armagnac
boussoles
sextants
. Là-bas.
Et j'ignore son nom.
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