Quelle fut ta pensée
ce soir
de corbeaux criards
nu
de couronne et d'épée,
acculé au dérisoire?
Ta main abolie
ta nuque
vaincue
ton corps soumis
par le fer et la folie?
Quel visage s'étiole
perçu
dans le choeur d'agonies
de boue semée
de signes détrempés
tordus?
Quelle amère amie?
La soeur indigne
l'épouse
perdue
ou
la mère oubliée?
debout sur un monceau d'arcs
brisés
Tu attends des eaux ta barque
ou les vers?
Débouté
Le flanc ouvert
écru
la défaite béante à chair
crûe
rose perverse éclose
le calice est impossible
illusion grandiose.
Risible.
La main gracile de l'onde
jaillit emporte
ton épée morte
Tu as failli au monde.
Roi mortel
à ton chevet de bruine
de ciel noir :
une seule et triste mine
sans espoir
ses yeux graves brillent
déçus
bourreaux de pluie
Roi déchu
ta table en morceaux
les tiens dispersés
manigance de magicien
Ta meilleure lame
danse danse danse
avec sa dame
(Tienne autrefois aujourd'hui rien)
ton fils fier à tes pieds
git sans lumière
percé de ta lance
ses paupières fermées
Tu as été haï.
Roi fendu
trop homme pour sa tâche
trop dieu pour l'oubli
reclus
Attends sans relâche
sur ton rocher enchanté d'éternel printemps
Rigide
le dernier crépuscule pour chevaucher le temps.
Sous ton égide et ta férule
Roi futur
Laisse-moi monter en croupe de ta défaite
fidèle écuyer de tes lies
d'ichor
maître de ton armure en miettes
ton tenace héraut d'hallalis
Car lorsque sonnera le sombre cor
A la toute fin
Moi
vêtu que d'éclats de rêves
je serai le porteur d'étendard
de qui
Vaincu
Perclus
soumis
par les tristes traits du triste hasard
la nuque roide se relève
Roi
A la toute fin
Un sourire aux lèvres face à l'ombre.
Encore.
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