Il est une saison où la ville alanguie se vêt de pourpre. Fardée du ton des mûres écrasées, parfumée d’encens, de myhrre, elle geint, se tord les mains, en processions, tachycardie de ferveur insomniaque.
Toute l’année, des hommes, artisans, policiers, éboueurs, s’assemblent préparent débattent déblatèrent parfois, en compagnies hétérogènes dont l’axe est une figure tordue de douleur, bras ouverts, pagne sanglant, peau tannée de soleil.
Et subit, jaillit l’icône, reflet infini enjolivé d’un miraculeux pan de mur, unique survivant d’une chapelle victime des cruelles convulsions de la terre, ogresse nourricière.
Et la foi se répand dans les rues, les coeurs trois fois bénis brillent de toutes leurs diodes, les femmes austères pleureuses, les hommes endimanchés du lundi au dimanche.
Les klaxons du quotidien s’égosillent, s’arcboutent contre la tétraplégie soudaine de la vieille cité, qui s’érige figée par l’égide des humbles, se rit des sémaphores et des conventions. Devant elle les gants blancs des policiers capitulent, les képis choient de respect. La foule, toujours aveugle, toujours monumentale, toujours avide, toujours victorieuse, marche au rythme lancinant de la tradition viscérale, fleuve de génuflexions.
Et passe le dieu des pauvres, le dieu des esclaves, le dieu doré de sagex de ceux qui travaillent du matin au soir et qui, le temps d’un mois échymose, se défont de leurs habitudes pour honorer en crue irrésistible, le seigneur des miracles, aux mains calleuses, aux pieds marqués, qui est à eux comme ils sont à lui, empathie organique, insondable.
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