jeudi 2 février 2012

La ville et les odeurs VI

Le feu gagne la ville par les recoins, les angles morts, les bords de trottoir, les yeux des enfants. Les regards se voilent de verre fumé. L'incendie gagne les plus hauts immeubles, transmuées en grenats, en rubis, en colonnes de feu.
Le bitume s'adoucit, s'imprègne de la lente et suave indécence que le soleil exige. La peau de la ville se dore, s'enduit d'odeurs sucrées, fruit succulent que s'arrachent les dieux. Pourtant le fruit d'or dissimule ses cavités et excroissances, ses chancres secrets. Les remugles d'un été qui laisse traîner sa robe dans les eaux glauques des bras agonisants d'un océan épuisé, les ruisselets qui courent nus et noirs au milieu des ruelles, les ordures chauffées à blanc par un soleil sans pitié.
Ainsi est la ville alanguie, mâtinée de douceâtre et de vif, d'esquilles parfumées, de récifs saumâtres.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire