lundi 4 juillet 2011

La ville et la peur III

Celui qui marche dans la ville alanguie doit garder patience et bien souvent courage. Ainsi lorsqu'il déambule, il appartient à une espèce fort rare et qui compte, comme toute espèce, ses prédateurs. L'ombre des masures oubliées par le temps, les ténèbres épaisses d'une cour intérieure, la pénombre opaque des arbres gauchis par le vent, tout cela est leur habitat. Marcher là,c'est risquer de voir un sourire sur un masque de misère, un rictus aux dents proéminentes et avides, dont la douleur est trop profonde, trop vivace, trop ancienne, pour être jugulée par la raison. Fuir, ou se défaire de ses possessions, car la lutte est inutile. Nul ne peut se battre contre le désespoir épaissi de rancunes et d'envie.

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