lundi 30 avril 2012

la ville et les symboles VII

Les rues en dédales quadrillés dissimulent bien plus qu'elles révèlent les stances de la ville alanguie. Ici, les maisons tournent leur dos de fer forgé et de de béton aux goudron, façades nues, offertes au passant. De verre brisé les dentitions monstrueuses de squales endormis fleurissent sur chaque rebord, entre les géraniums. La ville se souvient. D'un temps de peur et de bombes, dont les échos résonnent encore dans ses pensées fossilisées, les maisons. La ville se souvient du fracas et du couvre-feu, des allées obscures, du silence moite des ombres subites. Les racines de la peur sont profondes, mais à l'abri de ses murailles, à l'envers de ses silences, des jardins et des cours intérieures, des fontaines, des parterres de fleurs, peuplés par les rires des enfants. Ainsi est la ville alanguie, enfouis sous ses rideaux de fer rouillé et de verre pilé, veillent ses bougainvilliers et la cité, pliage constant, n'offre que ses rebords. A chacun d'ouvrir l'origami aux arrêtes de rasoir, d'éveiller les joies d'une ville aux secrets replis de félicité délicate.